mercredi, novembre 26, 2008

Cette heure indicible

à quatre heures du matin, l'été, Rimbaud se lève en même temps que le soleil, le sommeil d'amour dure encore. C'est entre nuit et jour, sous les bosquets l'aube évapore l'odeur du soir fêté, la première s'achève, mais le second n' a pas encore vraiment paru. Ce que le poète ressaisit là, c'est l'éveil, moment priviliégié de création et d'espoir, en attendant le bain dans la mer, à midi.

Le sommeil, objet de pensée


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Trop naturel, le sommeil : on n'y prête guère attention. Ou bien c'est qu'il se détraque, et l'on demande à la médecine de nous le rendre aux moindres frais. Le sommeil - à la différence du rêve - fut-il jamais pris pour objet de pensée ? Devint-il matière à élaborations littéraires ? Comme une eau, on voit au travers ; son départ laisse à peine un scintillement... à la surprise du lecteur, l'essai de Pierre Pachet révèle que le sommeil est partout présent dans la littérature. Il s'insinue dans maintes oeuvres où jamais nous ne l'avions remarqué. Il est vrai qu'il y paraît moins comme un thème tout offert que par éclipses, tensions, retraits. La paradoxale " force de dormir " qui donne accès au sommeil, il faut en être privé pour en percevoir l'existence. Lui-même au travail, le sommeil fait oeuvre dans les poèmes de Baudelaire, dans les proses de Nerval, dans les extraordinaires récits de Platanov. Pour déceler cette puissance poétique du sommeil et les conditions- social, historiques - de son apparition, il fallait une attention insomniaque.
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Pierre Pachet
la force de Dormir
essai/Gallimard

Vous connaissez la nouvelle ?

Héron blanc
Audubon
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- Vous connaissez la nouvelle ?
- .....
- Incroyable ! inouï ! Apocalyptique ! Dément !
- .....
- Terrifiant ! Monstrueux ! énorme ! Fascinant ! Soufflant !
ça, c'est presque tous les jours. Mais toi, connais-tu le nom des oiseaux que tu vois ? écoute : Aigrette garzette, Avocette, échasse blanche, Fou de Bassan, Pétrel fulmar, Pluvier argenté, Barge à queue noire, Cormoran, Goélands ( marin, argenté, leucophée), Sterne pierregarin, Tadorne de Belon, Tournepierre, Bécasseau sanderling, Bécasseau variable, Bécasseau combattant, Courlis cendré, Héron cendré, Huîtrier pie, Canards (colvert, souchet, pilet), Gorge- bleue, Grand Gravelot, Mouette Tridactyle, Mouette rieuse, Macareux, Héron garde-boeufs, Héron Bihoreau, Chevalier gambette, Guillemot de Troïl, Pingouin torda, Traquet motteux, Sarcelles (été, hiver), Bernache Cravant, Marouette ponctuée, Guifette noire, Harle huppé, Pipit maritime, Spatule blanche, Vanneau huppé.
Voilà. Relis vite à haute voix et sans ponctuer, comme si toutes les syllabes devaient s'envoler ensemble. Un canard n'est pas un autre canard, une mouette diffère d'une autre mouette, un héron apparaît blanc ou cendré. Ferme les yeux, prononce le mot avocette. Laisse le soleil tomber dans l'eau argentée.
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Philippe Sollers
L' étoile des amants
Folio
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Bombe II













Empédocle

Ne vois-tu pas ? Ce jour,
Les belles heures de ma vie reviennent
Une fois encore et plus grande est celle
Qui m'attend; montons, ô fils, et gagnons
Le sommet de ce vieil Etna sacré.
Car la présence des Dieux croît sur les hauteurs.




Hölderlin

Empédocle (première version)
deuxième acte (au flanc de l'Etna)
scène première (Empédocle, Pausanias)
Bibliothèque de la Pléiade.


espritsnomades
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L.A Photographie
bombe fusée de l'Etna, Sicile 2004


















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