mercredi, novembre 05, 2008

Obscur (Yin) - Clair (Yang)

Landscape Huang Li.
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De l'encre, la tradition distingue cinq nuances : noir brûlée, concentrée, foncée, diluée, claire; ou six nuances formant trois couples contrastifs : sèche-mouillée, diluée-concentrée, blanche-noire.
Rappelons que, à côté de l'encre, les couleurs, à base minérale ou végétale, sont utilisées aussi dans la peinture chinoise pour rehausser les effets de l'encre; un genre spécifique qui se sert de couleurs somptueuses porte le nom de chin-pi (or-jade).
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source François Cheng, vide et plein, le langage pictural chinois.

Aurora for time




CALLIESHELL
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There's no time to lose
now's the time to

Le geste le plus humain







Marcher est peut-être    myhologiquement 

le geste le plus 

trivial

donc le plus humain


Roland Barthes


















Flânerie, déambulation, errance, vagabondage, promenade, randonnée, traversée, excursion, pèlerinage, voyage... autant de mots pour désigner le mouvement progressif de la marche, depuis la manière la plus lente et rêveuse jusqu'à la plus sportive. Il existe tout autant de catégories de marcheurs : le marcheur de ville, le marcheur de plaine ou de forêt, de sentiers ou de chemins, le marcheur de montagne ou de désert, le marcheur régionaliste, de pays ou de continents, le marcheur profane ou sacré, l'amateur de marche individuelle, accompagnée ou encore en groupe... Peut-être la marche est-elle la meilleur façon d'appréhender le monde, à vitesse humaine. Clopin- clopant et chemin faisant, balade dans les pas de Virginia Woolf, Henri Calet, Julien Gracq, Georges Perec, Bruce Chatwin, Patrick Modiano, Jean-Jacques Rousseau, Jean Giono, Marguerite Duras et bien d'autres.


Bon nombre des textes présentés ici pourraient être titrés, pour paraphraser un livre fameux de Julien Gracq, En marchant en écrivant. Quand au lecteur, il sait bien qu'en lisant il se réserve, à coup sûr, la plus belle de toutes les promenades !


Le goût de la marche
textes choisis et présentés par Jacques Barozzi
Mercure de France



































Un matin de décembre 1954,

en Inde centrale, une croisée de chemin solitaire m'a tenu ce langage :
/
Cette route a beaucoup pour elle
dans tous les axes de la boussole
c'est l'espace et l'éternité
...
Tu te pousses à petite allure
un mois passe comme rien
tu consultes la carte
pour voir où ta mener la dérive du voyage
deltas vert pâle comme les paumes ouvertes
plissements bruns des hauts plateaux
les petits cigares noués d'un fil rouge
ne coûtent que cinq annas la botte
où irons nous demain...
/
Je me suis contenté d'écrire sous dictée cet éloge d'un lieu. Six heures du matin; grand beau; le ciel n'était pas encore passé au blanc. à une portée de fusil, des vautours tournaient au-dessus d'une forteresse de terre rouge. J'étais au bord de ce chemin poussiéreux comme dans le ventre de ma mère. Parfaitement vide, entièrement décentré.
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Nicolas Bouvier
Réflexions sur l'espace et l'écriture