samedi, septembre 06, 2008

Aeric Meredith-Goujon


Ophélie pour toi le Dieu Cheval et ses échos de sabots

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Métaphore ferroviaire


(L.A. photographies; TGV Chambéry Paris 2004)

Le train se prête à tous les transports et Freud, grand voyageur souffrant d'une phobie du train, utilise à plusieurs reprises la métaphore ferroviaire pour parler du temps de la cure. Mais, c'est en 1913 que la métaphore ferroviaire, utilisée pour énoncer la règle fondamentale, déploie toute sa puissance d'évocation pour exposer le dispositif analytique. Avec le défilé du paysage où chaque plan découpé par la fenêtre en chasse un autre, la métaphore ferroviaire articule le temps, l'espace et la mémoire. Le paysage vu du train se donne et se retire, comme l'inscription sur le "bloc magique", selon le travail rythmique des investissements dans le système perception-conscience que Freud considère "à la base de l'apparition de la représentation du temps". Le dispositif analytique, avec la règle fondamentale de la libre association, selon le modèle du paysage découpé par la fenêtre d'un compartiment de chemin de fer, convoque d'emblée la dynamique du transfert et de la résistance comme le chemin détourné (umwege) nécessaire à la levée du refoulement. La scène primitive de la psychanalyse se découpe dans l'encadrement de la fenêtre d'un compartiment de chemin de fer qui apparaît comme un point de fuite de ce qui se dévoile à l'intérieur du compartiment.

Travail

Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la" bénédiction du travail", je vois la même arrière- pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel . Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité ; et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême.

Nietzche, Aurore

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"Autant en emporte le vent du moindre fait qui se produit, s'il est vraiment imprévu. Et qu'on ne me parle pas, après cela du travail, je veux dire de la valeur morale du travail. Je suis contraint d'accepter l'idée du travail comme nécessite matérielle, à cet égard je suis on ne peut plus favorable à sa meilleure, à sa plus juste répartition. Que les sinistres obligations de la vie me l'imposent, soit qu'on me demande d'y croire, de révérer le mien ou celui des autres, jamais. Je préfère, encore une fois, marcher dans la nuit à me croire celui qui marche dans le jour. Rien ne sert d'être vivant, le temps qu'on travaille. L'évènement dont chacun est en droit d'attendre la révélation du sens de sa propre vie, cet évènement que peut-être je n'ai pas encore trouvé mais sur la voie duquel je me cherche, n'est au prix du travail.

André Breton, Nadja

Achrome


Piero Manzoni enduisit des tissus de kaolin (l'argile blanche de la porcelaine) et les appliqua sur des toiles. Ses intentions étaient les mêmes que celles de Klein : " pourquoi demandait-il en 1960, ne pas vider ce réceptacle, dégager cette surface, tenter de découvrir le sens illimité d'un espace total, d'une lumière pure et absolue ? " Manzoni pensait que la matière pure pouvait-être transformée en énergie pure : " l'expression, l'illusion et l'abstraction ne sont des fictions vides de sens. Il n' y a rien à dire, il n' y a qu'à être, il n'y a qu'à vivre.
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source : l'art conceptuel Tony Godfrey, Phaidon.
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