mercredi, septembre 03, 2008

Voir

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Quing-deng

fixe de manière abrupte

















les trois étapes 
de la perception et de la connaissance.


Voir la montagne

Ne plus voir la montagne

Re-voir la montagne



La première étape indique l'état ordinaire dans lequel la montagne s'offre à notre vue sous son aspect extérieur auquel on s'habitue, sans se demander d'où vient le mystère de sa présence, qu'elle richesse nous pouvons tirer d'un lien secret avec elle. La deuxième étape est l'état d'obscurité, voire d'aveuglement où l'on se trouve ; on est contraint d'exercer le troisième œil, qui apprend à voir la présence de l'autre de l'intérieur, d'assister à ce par quoi l'autre advient et, du coup, à voir ce par quoi soi - même advient. Parvenu à la troisième étape, le sujet ne se trouve plus dans une position de vis-à-vis par rapport à l'objet, il se laisse pénétrer par l'autre en sorte que sujet et objet sont dans un devenir réciproque, un va-et-vient de présence à présence. Le revoir est une illumination qui rappelle que le propos de la vraie vie n'est pas la domination mais la communion. Tout se passe comme si l'être n'était pas perçu comme une donnée légitime, un dû ; il faut connaître une sorte d'effacement originel avant d'accéder à l'être, au voir, au pouvoir de chanter. François Cheng  le dialogue, Desclée de brouwer



L.A. Photographie, 
lac de Presset, juillet 2008
































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Précis de philosophie nue

en finir avec la confusion sans avenir de la puissance avec la domination (Arnaud Villani)

La Route


(L.A. Photographie; Beaufortain Sept. 2008)
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Le mot route est l'un des plus fréquemment utilisés par André du Bouchet, dés dans la chaleur vacante (plus de trente emplois). Support du déplacement, la route est un trait obligé du paysage. Puisque celui-ci n'existe que pour être parcouru. Voie de communication, elle apparaît comme un lien, mais qui ne vit que par l'intervention du marcheur :
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j'anime le lien des routes (CV)
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Lien, elle peut-être aussi liée, selon un va-et-vient fréquent de la pensée d'André du Bouchet entre l'actif et le passif :
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la route liée nous est rendue en feu (CV)
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"Liée ne veut sans doute pas dire ici "attachée", mais signifie que la route est perçue dans sa continuité, qu'elle n'est pas "rompue" : notre route n'est pas rompue par la chaleur (CV), contredisant apparemment son étymologie qui veut que la route soit rupture (via rupta) : cette rupture ici est un lien.
source Jacques Depreux (André du Bouchet, La parole traversée, Champ Vallon)

ivresse de parcours

(L.A. photographie; sep. 2008)
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Tout grand paysage, écrit Julien Gracq, est une invitation à le posséder par la marche : le genre d'enthousiasme qu'il communique est une ivresse de parcours.

herbe fouillée

(L.A. photographie; sep.2008)
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herbe fouillé
de sang touches
hauteur qui suinte
ses étais
où à aller
cieux au fond
bornant
Martin Ziegler (vers un jour de buis, éditions L.Mauguin)

Herbes+Vent




(L.A. photographies; Beaufortain sept.2008)

Les flots

(L.A. photographie, Beaufortain Septembre 2008)
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Place

dans les flots, entre les flots et les flots

il a fait un espace

pour séparer les flots d'en bas des flots d'en haut

voilà

cet espace il l'a appelé ciel

il y a eu un soir et il y a eu un matin

c'était le deuxième jour

d'après la Génése (version de Jean Grosjean, Gallimard)


Un étirement de l'âme


(L.A. photographie; le Grand Mont d'Arêches septembre 2008)
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Si l'on me pressait tant soit peu, amicalement, pour connaître le fond de ma pensée, je dirais du nuage, dans ce moment particulier d'euphorie, je dirais ce que Saint Augustin disait du temps, que c'est un étirement de l'âme.
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André Ar Vot (cent vues de l'enclos des nuages, José Corti)