jeudi, août 07, 2008

Méditation

Richard Long commence par simplement noter le type de sol rencontré au cours de la marche : " Route, prairie, sable, boue ", cela peut prendre la forme d'une incantation : " Parole, vent, pierre ", ou bien d'une méditation soutenue, par exemple lors de cette marche de soixante minutes dans le Hoggar, où chaque minute a son mot, son concept, son phénomène :

°

os blanc
vue
rocher
oui
penser
brûlé
mouches
bottes
horizon
rugissement
rougeâtre
détendu
fourmi
gravillons
cône
symétrie
fientes
traces de pas
clignement d'yeux
bruit de pas
ombre
vertèbres
craquelures
piste
coup de sabot
sable
noir
papillotement
bourdonnement
plume d'oiseau
papillon
respirer
trébucher
rythme
entrechoc
vrombissement
étincelant
craquement
gratter
ondulations
halètement
crête
bouche sèche
croûte
silhouette
doux
fleur blanche
midi
rocher chaud
vent latéral
alignement
os éparpillés
toile d'arraignée
épervier
poussièreux
sans nuage
lézard
empreintes de chèvres
soupirs
scintillement

°

au fur et à mesure que la marche se complexifie, le texte prend de plus en plus d'importance. Mais peut-être restons nous malgré tout dans la sculpture : les mots ne sculptent-ils pas l'air ? Peu importe, de toute façon, qu'il soit question de littérature ou de sculpture, avant tout il s'agit d'approfondissement et d'expansion, il s'agit d'expérimenter, pas à pas, passage après passage, la sensation de la vie sur terre, d'exprimer une conception du monde, et d'indiquer le rapport le plus dense, le plus subtil possible entre l'esprit humain et le chaosmos. C'est tout cela qui est en jeu dans l'art plastique géopoétique.

°
Source : le plateau de l'Albatros, Kenneth White , Grasset

Lumineux chaos


(L.A. Granta Parei 3387 m; juillet 2008)
°
" Ton intellect a sa demeure dans une grande masse lumineuse. "
(Bardo Thödol)
°
Dans ce lumineux chaos je
vis et jouis de mon être
dans cette masse incandescente
d'où pourrait naître un univers
dans ce lumineux chaos je
ne pense ni ne sens, mais suis
mêlé à ce tourbillon de matière
la forme que j'étais ne me renferme plus
celle que je serai _ pas même imaginée
°
Nébuleuse du cancer : Kenneth White

Agate


" Il y a des pierres dans lesquelles toute la gloire de la nature est comme concentrée, de sorte qu'une seule pierre suffit à certains hommes pour qu'ils possèdent la contemplation suprême et absolue de la nature. "


Pline l'Ancien
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à moins qu'il ne faille voir en eux, 
plutôt, 
des inventions du vent,

variées, 
souples,
mobiles, 

une des façons qu'il a trouvées, 
invisible, 
de se montrer, 
à partir de l'humide
que la terre exhale. 







Philippe Jaccottet : Nuages (2003)
L.A. Photographie, vallon du Crot juillet 2008





















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